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Le Point - Oscars de l'horlogerie : et les gagnants sont...

12.11.2016

Le gratin de l'horlogerie s'était donné rendez-vous sur les bords du Léman pour décerner ses "oscars" annuels. Avec, cette fois, une relative équité.

Il y a ceux qui se rendent au Grand Prix d'horlogerie de Genève (GPHG) en maugréant d'avance contre le verdict de son jury, et ceux qui n'y vont pas... pour les mêmes raisons. Dans les deux cas, pourtant, le GPHG est incontournable et le théâtre qui l'accueille, plein !

Mauvaise foi de ceux qui en repartent les mains vides ? Ce serait la meilleure des choses. Le GPHG attise les convoitises, fait parler, jaser, parfois hurler. C'est un Grand Prix. Comme n'importe quelle délibération discrétionnaire, il est sujet à d'éternels débats. Mais, sans lui, l'horlogerie ne disposerait pas de ce coup de projecteur annuel qui lui est pourtant si bénéfique.

Et l'Aiguille d'or est attribuée à...

Lors de cette 16e édition, pourtant, les résultats sont (relativement) équilibrés. L'Aiguille d'or, distinction suprême ? À la Chronométrie Ferdinand Berthoud. Projet quasi personnel de Karl-Friedrich Scheufele, codirigeant de Chopard, porté à bout de bras par une équipe ultra-réduite depuis moins de trois ans, développement technique ambitieux, cohérent et parfaitement maîtrisé, il a su convaincre un jury d'experts exigeants.

Il en est allé de même pour Max Büsser de chez MB&F. Son Quantième perpétuel a été récompensé dans la catégorie du même nom. L'homme a su faire vibrer la salle, évoquant « des moments où MB&F a failli disparaître », le « soutien inconditionnel de ses horlogers, de toute l'équipe », rendant ainsi justice non pas à un produit, mais aux femmes et aux hommes qui l'ont conçu.

Grands hommes et beaux discours

De ces (grands) hommes le GPHG 2016 en a aussi vu l'aura, avec la présence sur scène de l'immense Jack Heuer. À 81 ans, l'homme est venu en personne recevoir le prix de la montre Revival pour la réédition de la Heuer Monza. Vif, alerte, pétillant, Jack Heuer a narré, en de trop courts instants, l'histoire de cette montre qui promet d'être le prochain best-seller de TAG Heuer.

Dans le même registre, François-Henry Bennahmias, CEO Audemars Piguet et artisan de son dépoussiérage, a tenu un discours volontariste dans une morosité autoalimentée et érigée en culte : « En dépit des difficultés, nous produisons à nous tous, ici, au mieux un million de pièces, pour un marché estimé de 40 millions de clients. Conclusion ? Le meilleur reste à venir. » Sa Royal Oak Concept Supersonnerie est une répétition minute qui marquera définitivement l'histoire de l'acoustique horlogère.

La délicate question des indépendants

Reste le choix délicat des indépendants. Après une édition 2013 en leur faveur, et deux années suivantes pour rééquilibrer la balance en faveur des grands groupes, le GPHG 2016 a trouvé le juste milieu. L'incontournable Piaget (16 participations en 16 ans) a remporté deux prix. Montblanc a rassuré avec un chronographe en phase avec ce que Minerva a toujours fait. Tudor a fait... du Tudor, de la pièce de grande série d'inspiration vintage, comme le réclame le marché de grande consommation – d'où son prix de Petite Aiguille, pour la meilleure pièce à moins de 8 000 CHF. Ces pièces consensuelles ont trouvé un bel écho indépendant avec, par exemple, le second sacre des frères Grönefeld et leur audacieux 1941 Remontoire, une pièce pour public plus averti. Ou encore la très réussie 33 bis Quai des Bergues, superbe renaissance horlogère plébiscitée par le Prix du public.

Olivier Muller / Le Point