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Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève pourrait devenir les Oscars internationaux de la montre

19.04.2018

Le nouveau président Raymond Loretan dévoile son projet pour la Fondation organisatrice du Grand Prix d'Horlogerie de Genève.

Raymond Loretan, nouveau président de la Fondation du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG).

Contribuer encore plus au rayonnement de l’industrie horlogère en Suisse et dans le monde, telle est la volonté affichée de Raymond Loretan, nouveau président de la Fondation du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), succédant à Carlo Lamprecht, qui avait créé la Fondation en 2011.

Vous siégez aux différents conseils d’administration du groupe Aevis, propriétaire du Genolier Swiss Medical Network. Vous présidez entre autres le conseil d’administration de L’Agefi, le Club Diplomatique, la SSE Holding et êtes vice-président du Domaine Vins des Chevaliers. Vous êtes aussi membre du Conseil de fondation du Centre pour le dialogue humanitaire à Genève et Président du conseil consultatif pour la Traversée du Lac. Comment s’insère cette nouvelle responsabilité au sein de vos activités?

Comme tout le monde et à l’instar de nombreux administrateurs d’entreprise, j’ai aussi quelques centres d’intérêt dans d’autres domaines que mon activité principale au service de Swiss Medical Network et du Groupe Aevis Victoria. En parallèle à mon métier d’administrateur de sociétés, ma passion s’exprime dans la conduite de projets à dimension internationale ou de service public. C’est à la fois le plaisir de travailler avec des équipes motivées et une forme d’engagement citoyen, qui renoue avec ma profession d’origine, ce d’autant plus que ces activités possèdent de nombreuse synergies entre elles. Le monde est petit. Les interlocuteurs sont bien souvent les mêmes et je veille à maintenir une cohérence dans le portefeuille de mes activités, qui relèvent d’intérêts tant professionnels que personnels.

Quelle est la durée de votre mandat au sein du GPHG?

Même si aucune durée n’est formellement fixée, il faut savoir régulièrement se remettre en question. J’évalue à 4 ou 5 ans la durée de ce type de mandat, un peu comme une période de législature. De manière optimale à renouveler une seule fois. La première année, quoi qu’on en dise, reste une année d’apprentissage, d’observation et de concertation sur l’avenir. Il s’agit alors de ne pas précipiter la révolution, sauf s’il y a lieu de la faire. Ce qui n’est pas le cas du GPHG. La deuxième année est le temps du changement qui se consolide et s’affirme lors de la troisième année. Puis la remise en question personnelle dès la quatrième, ne pas devenir prisonnier d’une routine et remettre sa nouvelle zone de confort en question. Je sais de quoi je parle car j’ai fait l’expérience concrète de «cages dorées.» Et les intérêts des individus évoluent. Je me pose régulièrement la question: suis-je toujours à ma place? N’est-il pas le temps d’un souffle nouveau, pour l’institution ou pour vous-même? Et si nécessaire, vos amis (comme vos ennemis) sont aussi là pour vous inspirer les réponses.

Quelles sont les grandes lignes que vous allez donner au GPHG?

Je mesure avec admiration et reconnaissance l’immense travail réalisé par mon prédécesseur Carlo Lamprecht, ainsi que par Carine Maillard, directrice, sur le plan de l’indépendance et de l’internationalisation du GPHG. Les fondations sont solides. Nous essayerons d’élargir le rayonnement du GPHG pour en faire un Grand Prix International. Cela nécessitera de faire évoluer la vocation originale du GPHG de promouvoir la place horlogère genevoise. En y incluant de manière plus marquée l’excellence horlogère suisse. C’est un processus sensible, qui nécessite le soutien des autorités politiques. Car nous avons besoin de cette solide assise genevoise reflétée au sein de la Fondation par la présence de la Ville et du Canton. Et c’est ensemble que nous devons développer ces perspectives et c’est ensemble que nous devons les mettre en oeuvre.

Concrètement, quelles sont vos idées, quelques mois après votre nomination?

Mon approche repose sur les synergies à créer entre les différents acteurs de l’horlogerie, dans le respect de leur identité et de l’indépendance du GPHG. Nous avons atteint aujourd’hui une masse critique, que je qualifierai de dispersée. Nous devons la transformer en une force de frappe concentrée. En affirmant Genève comme place incontournable en Suisse et dans le monde. En cherchant le dialogue avec toutes les parties prenantes, non seulement localement, mais aussi par exemple avec les autres citées horlogères telles Bienne et la Chaux-de Fonds ou encore des acteurs importants tel Baselworld, qui semble s’interroger sur son avenir. Nous voulons les inclure d’une façon ou d’une autre dans cette dynamique de travail et de réflexion commune.

A Genève, face aux nombreux évènements dilués tout au long de l’année, en janvier, mars, juin et novembre et à l’initiative de la Fondation pour la Haute Horlogerie (FHH), l’idée germe, progressivement de regrouper ces rencontres et d’instaurer une sorte de Semaine Horlogère, temps fort de l’année pour l’horlogerie suisse et genevoise. Le mois de mai pourrait être une période à la météo propice, pour cet événement grand public, qui se veut devenir une plateforme la plus large possible. Au sein du GPHG, c’est actuellement en mai que débute le processus de sélection des montres, qui se poursuit par l’organisation d’expositions internationales, en octobre, puis par la cérémonie du GPHG en novembre.

Ce projet nécessiterait un ajustement de notre calendrier et nous pourrions à terme nous y insérer comme son point d’orgue, à condition de préserver intégralement la neutralité et l’impartialité, qui donnent sa légitimité et sa crédibilité à notre manifestation.

Allez-vous renforcer la participation de toutes les marques horlogères suisses? Notamment Patek Philippe et Rolex (sauf Tudor), qui sont absents du GPHG.

Nous allons nous y employer. Le Grand Prix s’adresse à toute l’horlogerie, suisse et internationale. Nous devons donc élaborer un modèle de Grand Prix, qui puisse attirer des maisons horlogères aujourd’hui absentes. Notre méthode de réflexion s’inspire d’une architecture ouverte. Dans cette première phase de mon mandat, c’est comme pour la traversée du lac, le projet de base combine tunnel - pont - tunnel, mais on ne connaît pas encore la forme de la réalisation finale. Pour le GPHG, c’est la même méthode.

Nous avons la vision d’un Grand Prix international, mais il faut encore en définir les nouveaux contours, afin d’être suffisamment attractifs pour que toutes les marques aient envie d’y participer. Une sérieuse piste à approfondir est la création d’une Académie, analogue à celle des Oscars du cinéma. Cette approche implique un système de sélection des nominés beaucoup plus large que le jury actuel. A ce stade, il faut thématiser cette réflexion avec nos partenaires, les marques, les autres acteurs, y compris ceux en charge de la promotion économique, comme la CCIG, Swiss Global Entreprise ou encore Présence Suisse. Nous sommes au début du processus, il faut encore charpenter le dossier, répondre au possible scepticisme usuel face à la nouveauté et susciter l’enthousiasme. C’est un processus normal de transformation, avec ses risques et ses opportunités. Nous procéderons pas à pas. Nous en sommes au premier, le chemin est long mais le but est atteignable.

6 questions à Carine Maillard

Directrice de la Fondation du GPHG, depuis sa création en 2011

Vous êtes à la direction du GPHG depuis la création de la Fondation en 2011, sept ans passés en duo avec Carlo Lamprecht, comment abordezvous ce changement de Président?

Avec Carlo Lamprecht, nous avons créé la Fondation. Tout était à faire. C’était une aventure passionnante, tant professionnelle que personnelle et humaine. Nous avons établi les bases. Aujourd’hui débute en quelque sorte une nouvelle ère, tout en maintenant le cap nous pouvons envisager des collaborations et des développements nouveaux. Raymond Loretan est tourné vers le futur, plein d’idées, expérimenté, il incarne bien ce momentum pour le GPHG. J’aborde donc cette nouvelle présidence avec enthousiasme.

La Fondation a depuis sa création beaucoup oeuvré pour l’indépendance du Grand Prix, comment et pourquoi?

En plus de l’internationalisation, nous avons en effet oeuvré à assurer l’indépendance et la transparence, seules garantes de la pérennité du Prix. La neutralité vis-à-vis des marques est essentielle pour la crédibilité du Grand Prix. Asseoir une base juridique et de fonctionnement garantissant la transparence à tous les niveaux était fondamental.

Qu’offre le GPHG aux marques horlogères?

Une vitrine médiatique fédératrice, un instrument de promotion, un des seuls, de l’industrie toute entière. Comme pour les Oscars ou le festival de Cannes, peu importe qui gagne, c’est l’excellence et la vitalité de toute une industrie qui sont mises en valeur. Le GPHG a acquis ses lettres de noblesse avec une cérémonie reconnue et attendue, incontournable dans le monde horloger. Chaque année, nos expositions itinérantes qui présentent les 72 montres présélectionnées en Suisse et dans le monde, contribuent également à la visibilité des marques. Elles sont une occasion unique de voir en un même lieu les plus belles créations horlogères de l’année.

Si vous deviez qualifier le Grand Prix en quelques mots, quels seraient-ils?

Un évènement phare et fédérateur, qui requiert un esprit compétitif et profite à toute la profession. Une sorte de défi posé à l’industrie dans son ensemble.

Quelle est votre actualité?

Le 1er mai sera lancée l’édition 2018 avec l’ouverture des inscriptions. (Clôture des inscriptions le 22 juin). Nous annoncerons ensuite la composition du jury, dont un quart est renouvelé chaque année. Deux nouveautés dans notre règlement: un prix qui récompensera l’audace créative et une catégorie ouverte à l’excellence à petit prix. Les 72 montres présélectionnées seront exposées à Singapour, Hong Kong et Genève au MAH (Musée d’Art et d’Histoire) du 1er au 14 novembre, en partenariat avec la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH) et la HEAD. Le MAH proposera des pièces de son patrimoine et de la médiation. A noter aussi des ateliers d’initiation à l’horlogerie qui s’adresseront en particulier à des jeunes en quête d’orientation professionnelle.

Nous inaugurons également cette année une plateforme digitale, qui permettra à la presse et aux marques de disposer des images, vidéos, communiqués et autres interviews, de manière instantanée, pour une diffusion rapide sur les réseaux sociaux et autres supports.

Quels sont vos nouveaux développements?

L’idée d’évoluer vers une académie, sur le modèle des Oscars, comme mentionné par Raymond Loretan, germe depuis quelques temps déjà, à la demande de certaines marques notamment. C’est une réflexion que nous portons. L’Académie permettra d’envisager un premier tour beaucoup plus large, ralliant tous les acteurs. Je soutiens ce projet, qui renforcera le rayonnement et la crédibilité du GPHG.

Source: Agefi